Le collectif “Paye ton festival”, c’est un groupe mixte de potes qui a l’habitude, depuis plusieurs années, de se retrouver pour organiser des soirées bénéfit pour des luttes, créer et animer des ateliers, organiser des débats, des lectures partagées, etc.
Au cours de ces moments et au sein de nos réseaux, nous nous rendons compte que les espaces que nous fréquentons ne sont pas si safe. Au sein du festival Esperanzah, nous avons aussi constaté des violences liés au genres et depuis l’année passée nous proposons de réfléchir avec les festivalier.es sur le consentement, avec des réflexions féministes et intersectionnelles assumées.
Cette année encore, on a eu envie de vous parler de différents sujets autour des questions de sexe, de genre, de sexualité, de racisme, d’alcool, de consentement, de privilèges, de patriarcat, de féminisme, d’antisexisme et de plein d’autres trucs !
En vrac, nous proposons de récolter des témoignages, des ateliers, des débats, des jeux, de fabriquer des pisses-debout et des badges, etc. en mixité et en non-mixité.
On veut des fêtes sans relous…
… et des festivals sans relous ! Nous voulons que nos différences ne soient pas seulement tolérées, mais respectées, célébrées, soutenues et défendues ! Nous voulons que tout le monde participe en agissant et réagissant aux propos et actes oppressants.
Pour se faire, on aimerait que tu te souviennes que :
- Si tu ne sais pas gérer ta consommation d’alcool et de drogues, alors, pour toi, et surtout pour les autres, pense à faire attention. Ceci vaut aussi pour les personnes qui n’ont pas bu.
- Tout le monde n’a pas les mêmes espaces de confort. Alors, si tu sens qu’une personne te fait comprendre qu’elle ne souhaite pas être touchée, prise dans les bras ou embrassée, fais pas ton relou, arrête et laisse la personne tranquille !
- Notre corps nous appartient, il en va de même pour les images de nous. Alors, si une personne te dit qu’elle ne souhaite pas apparaître sur ton écran ou sur le net, fais pas ton relou et respecte son choix !
- T’avais beau penser être le roi ou la reine de la blague, une blague sexiste, raciste, homophobe, validiste… reste une blague sexiste, raciste, homophobe, validiste… et peut être vécue comme insultante auprès de personnes qui vivent réellement ces oppressions ; sans compter que cela alimente les systèmes de domination déjà bien existants. Alors fais pas ton relou et garde ces blagues pour toi !
- Si une personne te dis que tu deviens pénible, qu’elle a l’air ennuyée ou dérangée par ta présence, prends ces signes en compte, fais pas ton relou et passe ton chemin !
- Un sourire, un vêtement ou une absence de vêtement ne veut pas forcément dire que cette personne a envie d’être tripotée, reluquée ou jugée. Alors fais pas ton relou et garde tes fantasmes dans ta tête !
- Ça a l’air basique, mais c’est quand même utile de le rappeler : une personne endormie, inconsciente ou défoncée ne peut pas être consentante, par définition. Faire boire quelqu’un pour coucher avec, c’est un viol ! Assure toi plutôt que cette personne soit en sécurité.
T’as pensé à lui demander ?
“T’as pensé à te protéger ?” C’est une question importante, et on te le rappelle souvent dans ou hors des lieux festifs. C’est cool, mais ce qu’on aimerait rappeler, c’est que bien avant la question de la protection sexuelle, il y a la question du consentement.
T’as pensé à lui demander ? Ben oui, ça semble bizarre dit comme ça, mais on se dit que c’est un réflexe qui est très loin d’être une habitude dans la plupart des relations humaines. Être sûr.e que l’autre est d’accord de partager quelque chose avec soi nous semble un minimum. C’est souvent mieux de passer par de la communication verbale, même s’il peut être possible pour deux personnes qui se connaissent bien de passer un message non-verbalement.
Même s’il s’agit de « ta copine » ou de « ton copain », le fait d’avoir accepté quelque chose hier ne veut pas dire qu’on est d’accord tout le temps.
Pour le reste, une petite clarification s’impose sur des choses qui ne pourront jamais être consenties : siffler une personne, faire un commentaire sur le physique ou la tenue d’une personne qui n’a rien demandé, insister après un refus ou une absence de réponse, prendre le refus d’une personne pour de la timidité, suivre ou imposer sa présence à une personne, user de sa position pour obtenir des faveurs… tout ça, ce n’est pas de la drague, c’est du HARCÈLEMENT.
La non-mixité, pourquoi ?
Dans une société dont le choix de la soi-disant mixité masque en fait une oppression patriarcale
permanente, la non-mixité par les femmes (mais aussi par des personnes racisées, trans,
homos, handicapées, etc.) nous permet de :
- libérer la parole, d’oser s’exprimer sans crainte sur les oppressions subies sans avoir à ménager les sentiments des dominants. Bref, qu’on puisse parler de violences sexistes sans que les auteurs de ces violences soient présents.
- se sentir écoutée et comprise par d’autres personnes vivant les mêmes oppressions, qui sont donc concernées par celles-ci. Pas besoin d’expliquer pendant trois heures les situations sexistes que nous vivons, les personnes voient bien de quoi il est question ; elles le vivent régulièrement.
- mettre en place des stratégies de lutte contre l’oppresseur. Comment voulez-vous le faire s’il est là ? Il s’agit ici de pouvoir s’auto-émanciper : « Ne me libère pas, je m’en charge ! »
- se renforcer mutuellement pour retourner plus fortes dans tous les autres moments de notre vie mixte. Apprendre progressivement à reprendre notre place, à être entendue et reconnue.
- déconstruire les rapports féminins que la société nous renvoie habituellement (jalousie, compétition, commérages…) et mettre en place des relations basées sur la confiance, la solidarité, l’écoute, l’entraide, le soutien… bref, de tenter une sorte de sororité !
Pourquoi dans un festival ?
Un festival c’est cool, il fait beau, il fait chaud, il y a de la musique, on fait la fête… oui sauf que c’est aussi un lieu où des femmes se font violer, agresser, harceler… Du coup, l’idée d’un espace non-mixte sur le site d’Esperanzah nous a semblé pertinent. Sans avoir la prétention d’une assistante médicale ou psychologique suffisante en cas de viol ou d’agressions de tout types, c’est un espace qui peut réconforter, soulager des femmes ayant vécu des situations désagréables (au festival ou en-dehors) et qui cherchent de l’aide, des oreilles attentives, des pistes de solutions.